vision troubléeAujourd’hui je vous raconte un peu ma vie parce qu’une simple expérience routinière m’a appris beaucoup.

J’avais rendez-vous ce matin à l’hôpital pour consulter un ophtalmologue car j’ai une maladie qui me cause quelques complications et plusieurs fois dans l’année je réalise un fond d’oeil.

Comme à chaque fois on me met des gouttes pour dilater ma pupille, on me fait lire des lettres, prend des photos de ma rétine, la tension et d’autres examens puis je rencontre le médecin et rentre chez moi. Souvent il y a beaucoup de monde, j’attends, mes pupilles se dilatent, j’attends, impossible de lire quoi que ce soit, tout est flou. Aujourd’hui étrangement il n’y avait personne, peut-être à cause des grèves. Les gouttes n’ont même pas eu le temps d’agir que je suis déjà dans la salle d’examens. Tout se passe très rapidement et je me retrouve peu de temps après dehors avec un soleil éblouissant, une vue extrêmement troublée et une migraine atroce. Malgré mes lunettes de soleil je ne vois rien, je marche à tâtons et avance comme je peux pour sortir de l’hôpital. Je veux passer un coup de téléphone je n’arrive même pas à lire le prénom indiqué. J’ai marché lentement, perdu mes repères. Les rues que j’emprunte d’habitude étaient bruyantes et avec beaucoup de monde, j’ai opté pour un autre chemin plus calme.

J’ai compris la notion de lâcher prise, j’ai dû vivre dans l’instant présent, bousculer mes habitudes, déployer d’autres sens que ceux que j’utilise habituellement. Le temps s’est ralenti, il était comme étiré. J’ai observé les gens qui traversaient en leur faisant confiance car je ne voyais pas la couleur du piéton sur le feu, j’ai avancé un pas devant l’autre avec peu d’assurance mais la conviction que cela devait être ainsi. Le paysage était différent, je me suis laissée guider par mon intuition et j’ai accepté que je ne maitrisais pas grand chose et que finalement cela n’avait pas d’importance. J’étais là et je recevais des informations que j’étais prête à intégrer car je n’étais plus dans mon rythme habituel, dans une frénésie pour rentabiliser le temps, choisir le chemin le plus rapide, attraper le prochain métro. J’ai simplement choisi de me mettre en sécurité, en me connectant intérieurement à mon moi profond puis d’avancer vers un chemin qui me semblait agréable.

Le lâcher prise a pris beaucoup de sens pour moi ce jour, je ne l’ai pas conceptualisé comme bien trop souvent, je l’ai ressenti, accepté comme une évidence.

J’aurai pu attendre que ma vue se stabilise, prendre un taxi, suivre le parcours habituel, j’ai choisi de me laisser guider par des intuitions, des informations invisibles et non quantifiables. C’était doux, surprenant et incroyablement rassurant.

Le lâcher prise a été pour moi une façon de m’adapter à ce que je vivais en utilisant mes facultés extrasensorielles pour avancer. Mon mental était à la cave, mes pensées au grenier et je m’en suis très bien portée. Alors la meilleure chose que je peux vous inviter à faire aujourd’hui, dilatez vos pupilles et fermez vos yeux !